25ème Assemblée Générale de l’U3P
Paris – 21 janvier 2006
Le vol de la Libellule
Libellule : Substantif Féminin. Insecte ayant un corps très allongé, quatre grandes ailes irisées transparentes, et que l’on voit voler au bord de l’eau avec légèreté et rapidité. Étymologie : du latin libella, « niveau », par allusion au vol de l’insecte.
La libellule, comme son nom l’indique, se déplace « par niveaux », alternant phases d’observation stationnaires, et élégants vols au dessus de l’eau. « Libellule » est aussi le nom choisi pour désigner le prochain voilier solaire, dont le projet lancé à l’automne 2005 déploiera ses ailes – peut-être – en 2007, année symbolique du cinquantenaire de Spoutnik 1.
La précédente Assemblée Générale de l’U3P se déroulait alors que Huygens découvrait après 7 ans de voyage la surface de Titan. Celle-ci commence au moment où la mission New Horizons quitte la Terre pour une croisière de dix ans vers Pluton et la ceinture de Kuiper. Entre temps, la sonde Deep Impact a rejoint la comète Temple I, Hayabusa s’est posé sur l’astéroïde Itokawa, deux rovers ont poursuivi leur découverte des déserts martiens, la Lune est redevenue une terre à conquérir, et le voilier solaire Cosmos a tenté sa première chance … Autant de « niveaux » franchis sur la route de l’espace.
Pour l’U3P aussi, le parcours de l’année 2005 aura été particulièrement riche :
•Construction de la « maquette de Millau »
Au printemps, les membres de l’U3P se réunissaient dans l’Aveyron, pour construire les maquettes de démonstration dont un premier modèle avait été imaginé, en 2004, dans une caverne de la vallée de la Loire. Travail de précision qui nécessitait un équipement de pointe mis en musique, à l’invitation de Frédéric Bousquet, dans son atelier de lutherie millavois. Trois modèles de la voile circulaire gonflable étaient réalisés, et concurrençaient un instant le viaduc de Millau, avant de s’envoler vers le Nord.
•Salon du Bourget
En juin 2005, ces maquettes étaient exposées dans le Musée de l’Air et de l’Espace lors du Salon du Bourget. A cette occasion, l’U3P participait à la conférence organisée par la Commission Astronautique de l’Aéroclub de France, devant un auditoire composé d’une centaine d’explorateurs âgés de 10 ans, en présence du spationaute Jean-François Clairvoy. Quelques semaines plus tôt, les projets de l’U3P étaient présentés lors du Carrefour de l’Image de l’Océan Indien, à la Réunion. Et en juillet, les maquettes de Millau voyageaient au cœur de Paris, dans le parc André Citroën, pour les rencontres « Soleil en Seine », à l’invitation de l’université de Jussieu.
•L’aventure Cosmos
Le vol de Cosmos était attendu depuis plus de deux ans. Sous la direction de Lou Friedman, la Planetary Society et ses partenaires russes devaient satelliser le voilier en forme de marguerite grâce à un missile Volna tiré depuis un sous-marin ancré en mer de Barentz. Le 21 juin à 21 h 46, le missile s’élevait dans le ciel. Hélas, la défaillance d’un de ses moteurs ne permettait pas à Cosmos de rejoindre son orbite, l’échec de la mission n’étant pas imputable au voilier. La loi de la gravité est dure, mais c’est la loi… Ce n’est que partie remise, et l’idée d’une prochaine mission Cosmos est déjà à l’étude.
Pour autant, l’expérience a été l’occasion de mesurer l’intérêt du public pour les voiliers solaires. Bénéficiant d’une couverture médiatique exceptionnelle – notamment en France – l’U3P a largement relayé l’événement : d’abord sur le site web, où la mission pouvait être suivie en direct en langue française (plusieurs milliers de connexions en une soirée) ; puis sur les médias (Europe 1, France 2, Libération, Le Figaro, Le Monde, Direct 8 , … cf. revue de media www.u3p.net/uppp/juin2005).
•Envol de la Libellule
Le défi des voiles solaires devait être relevé.
En juillet 2005, contact était pris avec les radio-amateurs d’Amsat-France, spécialistes des micro-satellites, ainsi qu’avec l’association Voysat. A l’automne 2005 naissait le projet de voile solaire « Libellule » conçu par les trois associations, qui déposaient en décembre un dossier commun en réponse à l’appel à idées « micro-satellites » du Cnes.
Libellule sera une « micro-voile solaire » de taille modeste, puisqu’elle doit tenir, pliée, dans un cube de 10x10x30 centimètres. Ses ailes déployées pourraient atteindre cependant une envergure raisonnable de 5 mètres, et permettre de tester enfin le déploiement d’une voile en orbite.
Plusieurs écoles et universités (Polytechnique, IUT de Cachan, Isen, Centrale Lille, Centrale Lyon,…) ont manifesté leur intérêt pour ce projet, dont une grande part sera confiée à des étudiants. Il reste à coordonner ces compétences : ce sera le défi de 2006, avec pour objectif un lancement prévu un demi-siècle après le vol du premier satellite artificiel de la Terre.
Mais on ne peut évoquer ces projets sans penser au grand absent de cette Assemblée Générale. Georges Ballini a rejoint les étoiles le 3 juillet à l’age de 84 ans. Ancien résistant et pilote de ligne, premier candidat français pour l’espace, c’était le poète de l’U3P.
Sa passion pour l’aventure spatiale continuera à souffler dans ses romans, ses pièces de théâtre, ses poèmes. Et dans la mémoire de ses amis.
Sic Itur Ad Astra
Olivier Boisard
Président de l’U3P pour l’exercice 2005
Paris, 21 janvier 2006